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Mon Lâché En Motoplaneur


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Aalu !

 

Hé bien hé bien, après 19 ans d'attente (19 ans, 5 mois et 6 jours exactement), et 5h de vol en double commande, j'ai un auto plaisir à m'annoncer à moi même que je suis enfin lâché SF25C ! :D8)

 

Il aura fallu que ça soit dans le cadre du Brevet Avion, mais qu'importe, l'essentiel est d'avoir les signatures dans les carnets de vol...

 

Récit :

 

Il est 10h30 heure locale de la base aérienne de Strasbourg-Neuhof, les avions sont alignés sur le parking, les pilotes dans le bunker nord sont prêts à sauter dans leurs engins à la moindre alerte.

 

Pendant ce temps, sur le parking Est, un petit engin appelé tendrement ZiZi par ses pilotes (du fait de son immatriculation F-CIZY) attend de prendre son envol. A son bord, Fred, l'élève, et Pascal, instructeur avion. Le Rotax de 65ch est entrain de chauffer, les voyants sont verts, on garde la poignée des gaz en main pour enclencher la post combustion en cas de besoin. Taxiage, attention de ne pas trop mettre la gomme, avec une telle puissance on pourrait décoller du taxiway !

 

J'arrive sur la piste, je suis nul, le vent est calme, à moins que ça ne soit le contraire*, le contrôleur me donne l'autorisation pour m'aligner**, il faut que je me dépêche car un C160 est en approche, il vient de s'annoncer en Base, je fais mes essais moteurs, les voyants restent verts, la clim fonctionne bien : c'est parti, je met la gomme, au bout d'une dizaine de mètres les roues quittent le sol, je rentre le train, enfin la roue, ouais bon je fais comme si quoi ...

 

Montée à 1300ft QNH Fox Echo QFE, nous doublons un Mirage 2000-N belge par la gauche, mon instructeur me fait remarquer que j'ai oublié le clignotant, je me confond en excuses et continue le vol. Nous étions partis pour un tour de piste, je m'intègre donc en début de vent arrière, au niveau de Kehl (hééé ouais, le circuit avions quoi...), 1300ft stabilisés, 110 km/h euh nœuds, transpondeur sur stand bye au cas où un cumulus nous enverrais aux 4560ft décisifs qui rendent le contact avec la tower de Strasbourg obligatoire.

 

Tout se passe bien jusqu'à ce que ce p**ain de M2000 nous redouble par la gauche, mon instructeur me dit que c'est pas la peine de lui faire des appels de phare, c'est un belge*** et il est têtu. Avec tout ça il est déjà temps de passer en base, on réduit les gaz à 23 tours/minutes puis on se met en descente, 1300, 1200, 1000 pieds, on amorce le virage, 900 pieds, oula on est un peu rapide, on se prend 5G dans la figure, top, on est aligné, en finale pour le 36, l'axe est bon, le plan et bon, la vitesse est bonne : TVBR - Tout Va Bien Raoul. La piste commence à grossir, je me demande si j'arrivais à poser ce monstre dans ce mouchoir de poche, mais je n'ai plus le choix, il est trop tard... le PAPI**** est clean, la piste est clean, mon slip est clean, arrondi, touché, manche au ventre, mon instru me félicite, c'est la première fois qu'on peut continuer à rouler pour remettre les gaz, d'habitude il faut descendre, ramasser les morceaux et sortir le scotch.

 

Remise des gaz, donc, ben oui vous suivez ou quoi! Cette fois ce sera un tour de piste basse hauteur (ce que les pilotes avion appellent "TDP basse hauteur" est en fait un TDP normal pour un pilote planeur). Celui-ci est exécuté avec une grande maîtrise, j'en profite pour sortir mon appareil photo pour me tirer le portrait, pendant que mon instructeur sort une canette du frigo. Allé, dernier virage, aligné, plein AF, atterrissage, encore une fois le ZiZi a tenu, remise des gaz, on repart pour un tour de piste normal.......

 

..... montée à 1300 ft, vent arrière, mirage 2000 belge, base, finale, vous connaissez l'histoire maintenant. Atterrissage "court", je stop la machine sur le taxiway ouest, enfin la piste planeur quoi :), pas le temps de couper le moteur, nous venons de recevoir un ordre de mission extrêmement urgent du QG : Fredo doit être lâché.

 

Ouverture de la verrière, mon sac de sable préféré descend, je referme la verrière, tout est ok, alignement, mise en puissance, je suis littéralement collé au siège par la puissance des 65 chevaux sous le capot (mais où les ont-ils mis?!!), 55km/h, je suis déjà en l'air, hé ouais, avec 70kg de moins forcément... je maintiens le palier, on va dire que c'était un raz motte hein, la vitesse est bonne, je tire sur le manche, montée à 100 km/h, euh noeuds roo, virage, j'évite de justesse un Super Puma de la croix rouge, puis me met en vent arrière, je m'annonce : Fox Charlie India Zoulou Yankee en Dééébut de Vent AAArrière pour la Treente Six Plaaaneur Maaain Droite.

 

Base, Finale, un peu haut, qu'à cela ne tienne, les AF sont là pour ça, je suis dans le plan, l'axe et la vitesse sont par-faits bref, je suis par-fait, euh enfin mon atterro est parfait, et comme dit mon instru : t'as l'axe le plan et la vitesse et ton atterro est réussi à 88,897%. Les 11,103% restant sont ta capacité à tirer sur le manche au bon moment :P.

 

Hopla, atterrissage court, on débale tout les AF pour arriver sur les freins, demi tour, je remonte la piste pour arriver chez mon instructeur qui est toujours là, debout dans l'herbe, à voir si son élève préféré (nan? ah bon :wacko:) est toujours vivant. Tout va bien, je lui indique que je repars pour 2 tours de piste.

 

...

 

Il est midi, je rentre au parking après avoir fait mes 3 tours de piste seul, je coupe les gaz, ouvre la verrière, prend un bon bol de lait chaud (à ne pas confondre avec un bon bol d'air frais), et je savoure... hummmmmmm. Trop de la balle quand même.

 

L’après-midi s’annonce carrément pourrite, pas une pompe à l’horizon, je prend quand même l’Astir pour faire un tour au treuil, je trouve une pompinette pas loin du stade de la Meinau, mais rien de bien, du 0 m/s tout au plus. Hopla, PTL, ce fut LE tour de piste le plus pourri que j’ai jamais fait en planeur, vitesse non maîtrisée, dernier virage trop bas, je me rends compte qu’on a un peu oublié de remettre un fil de laine sur la verrière après les travaux d’hiver, bref, je me pose, ah y’a quasiment pas de freins, bof, faudra juste un peu plus marcher, piste dégagée, housse de verrière en place, c’est clair, aujourd’hui je ne ferais pas mon heure... Déçu mais pas complètement dépité je décide de me faire lâcher sur le motoplaneur (pour la deuxième fois n’est-ce pas), mais cette fois en tant que pilote planeur. Jean-Marie, ça te dirais de faire un tour et de me signer mon carnet de vol ? :wacko:

A ma grande surprise la réponse ne se fait pas attendre : ouais pas de problème.

 

Hé ben... bon j’abrège parce que ça commence sérieusement à devenir long, on ne s’en rend pas compte quand on tape comme une secrétaire et qu’on a une imagination aussi débordante pour raconter des conneries et faire passer un simple lâché en SF25C (lol) pour un lâché en Mirage 2000 (oui j’ai un truc pour les Mirages 2000 j’avoue).

 

Donc, tour de piste, atterrissage, autorisation de mon ITP, c’est parti, j’emmène un peu à boire parce que cette fois je prévois de rester un peu plus longtemps en l’air.

Décollage, j’arrive au dessus du Rhin, puis je passe en Allemagne, pas grand chose, 2 km de la frontière, je spirale un peu, je dois être à peu près à 2000ft QNH (1500 QFE), je monte pas beaucoup, y’a du +0,5 dans le coin, je cherche... tiens un énorme cumulus plus au Nord, j’y vais, bingo, je tombe dans du +2 et +3 m/s, c’est cool, je suis limite pour entrer dans la CTR de Strasbourg mais pour l’instant je suis encore dans notre espace G. Je monte à 3500ft, je profite du calme pour prendre une photo de moi (oui avant c’était une blague...).

 

http://forums.yateri.free.fr/jovial/motoplaneur/lache-motoplaneur1.jpg

 

Je regarde autour de moi, ça fait flipper, j’étais encore jamais monté aussi haut tout seul. Il est 18h15, ça fait déjà 35 minutes que je vol, il est temps de rentrer on a encore besoin du motoplaneur en bas.

 

Fin de la journée par un pot au club para, tous ensemble à discuter de notre passion... la vie est belle.

 

 

* référence à une célèbre blaguounette que je n'ai pas besoin de citer.

** il n'y a pas de contrôle sur notre terrain...

*** on l'a vu grâce à sa plaque d'immatriculation

**** il n'y a pas de PAPI non plus...

 

 

 

Ce post est volontairement long et distrayant. Si vous pensez que j’en fait des tonnes, vous avez raison, simplement je voudrais replacer certains éléments dans leur contexte, surtout si vous avez eu le courage de lire jusque là. Voilà 2 ans que je pilote des planeurs, je suis toujours élève parce qu’il me manque mon heure de vol, obligatoire pour prétendre au passage du brevet de pilote planeur. En parallèle, j’ai commencé ma formation au Brevet de Base Avion, je profite d’un texte réglementaire qui dit qu’on peut le passer sur un motoplaneur; cette solution me fait économiser 90€ de l’heure... Je demande depuis quelques temps aux instructeurs planeur de me lâcher sur ce motoplaneur, aucun ne prenait ma demande au sérieux, aucun ne voulait prendre de décision aussi importante (prenez ceci comme un coup de gueule). Ce n’est donc que lorsque j’ai été lâché dessus en tant que pilote avion, qu’ils ont bien voulu que je le sois en tant que pilote planeur... Ce qui fut le cas ce Samedi 6 Mai, puisqu’un simple vol avec un instructeur planeur suffit à obtenir mon lâché motoplaneur, ou plus officiellement mon « autorisation à utilise un planeur à puissance embarquée ». Je suis heureux.

 

Mes remerciements vont à Pascal, qui prend de son temps pour m’instructionner, à Jean-Marie, pour sa signature sur mon carnet de vol ^^, à Marcel, pour les questions qu’il pose et où t’es sûr de te tromper :sick: mais aussi et surtout pour le temps qu’il passe à réparer toutes nos bêtises (j’ai pas dis les miennes !), ainsi qu’à mes parents pour m’avoir mis au monde pour me permettre de goûter à la joie de voler... Merci.

 

 

Fred

Modifié par Yateri
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Merci pour cette lecture, c'était très chouette :)

Jean-Noël Violette

How many here and now, who slip off to this place for the fun of it,

slide gently across to fly on air vastly simpler than ours, in different

sunlight, to work on flying-machines that in our time don't exist,

to meet friends and loves they've missed here?

Richard Bach, Out of my mind (De l'autre côté du temps)

http://marque-en-ciel.blogspot.com/

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