Un petit mot sur le H101 Salto. Je suis le propriétaire du D-2032 N°9 1972. Tout d’abord, même s'il bénéficie de la technique Glasflügel, il a été fabriqué par Start+Flug pour 67 exemplaires puis par Frank&Waldenberger pour 5 exemplaires. Ursula Hänle, par le biais de Doktor Fiberglas a assuré le suivi des H101 jusqu'à son décès en 2009. Elle considérait les propriétaires de Salto comme "ses enfants". Dessiné par Eugen et Ursula Hänle, le premier vol du prototype a lieu en 1970. A été testé en France en 1976 par le CEV de Brétigny (j'ai la chance d'avoir le rapport d'essai) qui a refusé de l'homologuer pour principalement deux raisons: le compensateur ne couvre pas la totalité de la plage de vitesse (résolu depuis) et la sortie de vrille à la limite de centrage AR demande trois tours et une procédure adaptée. D'après les commentaires que j'ai entendu, le planeur de l'essai n'était pas bien réglé (manque de débattement sur la direction). Ayant maintenant une centaine d'heure de vol dessus je voudrais tordre le cou à la légende du comportement en vrille de l'empennage papillon: 1/ voler au bon centrage (très sensible sur le Salto, plage constructeur 10cm, réduite sur l'avant à 5cm sur les conseils d'une personne que je connais à la DGAC et qui a recalculé). 2/ appliquer la procédure de sortie en utilisant A/profondeur plein piqué, B/profondeur neutre, C/direction opposée et dans l'éventualité d'une vrille à plat, D/gauchissement maintenu dans le sens. Ne jamais mélanger profondeur et direction car contrairement à l'Edelweiss, il n'y a pas de butée de sécurité, si on braque les deux à fond on a un volet dans l'axe du plan fixe et l'autre braqué avec un angle très important ce qui favorise le décrochage de celui-ci. "L'effet papillon" se sent surtout en ligne droite où il faut être très attentif à la symétrie, le palonnier ne peut être lâché, les corrections sont constantes pour être efficace. le palonnier dans tous les cas de figures (hors voltige) s'utilise "à la pression" et non "au déplacement". Ce qui est très déstabilisant au début, c'est qu'il n'y a aucun effort à effectuer sur les trois commandes de vol et ceci jusqu'à la VNE. Le compensateur à gâchette est relié à une lame en fibre de verre qui ne fait que dissuader de tirer ou pousser exagérément. Après 200Km/h, j'ai tendance à avoir les deux mains sur le manche pour éviter une désagréable sensation d'instabilité en tangage. Une fois habitué à cela, la convivialité de pilotage est bien au rendez-vous et vous avez un petit chasseur entre les mains. Pour ma part je ne m'en lasse pas! En voltige c'est un adorable planeur qui tolère à peu près tout sauf deux importantes exceptions: en assiette piquée, ventre ou dos, la vitesse augmente vraiment vite et on peut se faire piéger près de la VNE (280Km/h). Le Salto est un bon vélivole donc vu son profil et son dièdre, il n'est pas si bon en vol négatif: il ne supporte pas l'association grande vitesse/forte incidence; Sa tendance à déclancher dans cette configuration est méchante et si ça arrive au delà de la VA (170Km/h)... Donc le virage dos n'est pas sans risques si on maitrise mal l’assiette. A part cette configuration particulière, il est vraiment très agréable et même addictif. Les AF: certains diront qu'ils sont inefficaces et qu'il a fallu installer un parachute de queue. C'est vrai seulement en partie: 8.7 de finesse tout AF sortis ce qui ne correspond pas au standard de 7.0; Le parachute gomme cela. Sinon il existe une modif approuvée qui augmente le débattement. En fait, par temps calme, il suffit de ne pas dépasser 105 Km/h en approche. En remorquage: pas de soucis particulier jusqu'à 140Km/h, au delà le pilotage devient peu agréable. Au treuil: si le treuillard pense qu'il a un Pégase au bout du câble, pas de soucis. Par contre le Salto tolère peu les gros à-coups de puissance, à forte incidence il se montre instable comme tout planeur de voltige. Montage/démontage: en 1970, ils ont déjà tout inventé: légèreté, tous les branchements de commandes sont automatiques (sans godets). La remorque est un modèle d'intelligence. le tout est assez léger (500-600 Kg) et se tracte très bien. de plus la remorque est moins large que la voiture. En vol à voile: Version WL 15m: aussi performant qu'un Libelle standard mais sans ballast, un peu désagréable en symétrie: on sent que le fuselage est trop court pour ses 15m d'envergure. C'est avec cette version que j'ai pu réussir un 330Km. Version 13m voltige: c'est la configuration que j'utilise maintenant en vol à voile, si on ne dépasse pas 140Km/h en transition il est tout à fait honorable, très peu fatigant à piloter pour peu qu'on l'utilise bien en spirale: entre 0° et 20° d'inclinaison 75Km/h possible, au delà de 30°et jusqu'à 50° d'inclinaison de 85 à 100 Km/h il monte très bien, le buffeting que l'on ressent garde le planeur pilotable mais bien moins performant en montée. 90Km/h semble le meilleur compromis en spirale. Bilan: J'utilise le treuil comme moyen de lancement, le Salto permet de prendre n'importe quelle ascendance pour monter, ensuite on se fait plaisir à descendre en voltige. S'il n'est pas excellent par rapport aux standards actuel dans les deux domaines, c'est le compromis vol à voile/voltige idéal aux dires de tous ceux qui ont volé dessus (un cran au dessus du PilatusB4); Pour ma part je confirme! Par exemple, dans une météo ou les varios sont à 4m/s, on monte plus vite qu'au remorqueur ce qui m'a permis d'effectuer 9 séances de voltige en 3h30 de vol ! (en m'intercalant en plus avec des rotations para). Bref, vous aimez la voltige comme le vol à voile: le salto est une machine exceptionnelle. Le D-2032 sera visible à Buno lors du rassemblement Dédale 2017. Bons vols à tous. Franck http://img4.hostingpics.net/pics/334199attalencon.jpg http://img4.hostingpics.net/pics/456463DSC0332.jpg http://img4.hostingpics.net/pics/198434DSC1119.jpg